
Malgré les vendanges, j’ai été plutôt active niveau lecture ces derniers temps. Des coups de coeur mais aussi quelques déceptions. Ca ne m’arrive pas souvent. Je me demande parfois si je suis assez critique ou trop bon public mais peut-être suis-je ultra douée dans le choix de mes lectures. Qui sait? 😉
Parmi mes dernières lectures, on retrouve quatre romans, deux témoignages et un essai. Il y a vraiment un peu de tout, entre un roman policier, une histoire d’amour, un classique, tout en passant par un récit de voyage plein de sagesse et des paroles interpellantes.
On retrouve aussi deux livres audio. J’ai pris plaisir à (re)lire des oeuvres de cette façon, surtout quand j’étais occupée avec la déco de mon appartement (c’est-à-dire, le pliage façon Marie Kondo de mes vêtements dans mon armoire qui m’a pris des heures…). Une chose sur laquelle je ne transige pas c’est la voix! Ca peut facilement m’agacer donc il me faut parfois du temps pour trouver l’audio qui me convient. Vous avez ça aussi?
Je vous souhaite de faire de belles découvertes!
Normal People
par Sally Rooney
Résumé
Normal People c’est l’histoire d’amour et d’amitié tumultueuse entre Connell et Marianne, deux adolescents irlandais fréquentant le même lycée. Connell est populaire, beau et intelligent, Marianne quand à elle, bien qu’intelligente aussi, est impopulaire et intimide ces camarades de classe. Rien ne prédit le rapprochement de ces deux êtres, si ce n’est que la mère de Connell travaille comme femme de ménage chez Marianne. Ils commencent une relation cachée, Connell ayant honte de cette liaison. On suit alors leur relation qui va, qui vient, alors qu’ils se retrouvent dans la même faculté à Trinity, Dublin. La situation change quelque peu puisque c’est au tour de Marianne de devenir populaire et Connell d’éprouver des difficultés d’adaptation.
Mon avis
Je m’attendais à une révélation à la suite de cette lecture, tant ce livre a été encensé autour de moi, que ce soit pas des amis ou sur les réseaux sociaux. Et ne parlons pas de la longue liste de prix qu’il a reçus! Peut-être en attendais-je trop mais j’ai vraiment eu du mal à terminer la lecture du roman. Bien que me sentant attachée aux personnages, dans lesquelles je me retrouve au travers de quelques anecdotes, leur histoire m’a tout simplement énervée et ennuyée. On était loin des clichés des romans Young Adult mais au final, je ne comprends pas pourquoi leur relation a fait temps de va et vient. Ce n’est pas un spoiler. Rassurez-vous. Le résumé nous dit “… in the company of two people who try to stay apart but find they can’t”. Mon ressenti c’était plutôt “… in the company of two people who want to be together but find they can’t for no reason”. Je suis dure mais je n’ai pas saisi la logique de leur relation. Il me manquait un accès direct et concret à leur personnalité. Je ne pouvais pas les comprendre du fait du récit et dès lors je ne pouvais pas avoir d’empathie pour leur situation. Un petit bémol aussi pour le style de la typo. Pas toujours évident de savoir quand un personnage parle ou non. Ce n’est pas visible avec des trémas. Il faut lire et comprendre en fonction du contexte. En tout cas c’était comme ça dans la version anglaise. Pour la version française, je ne sais pas. Si vous l’avez lu, dites-moi.
Extraits choisis
“No one can be independent of other people completely, so why not give up the attempt, she thought, go running in the other direction, depend on people for everything, allow them to depend on you, why not.”
Ma note: 2/5
L’aube à Birkenau
par Simone Veil. Récit recueilli par David Teboul
Résumé
Un récit qui retranscrit l’enfance de Simone Veil, sa déportation et l’impact de cette épreuve dans sa vie. On y retrouve son témoignage et aussi des dialogues avec ses amis ayant vécu la même expérience.
Mon avis
J’avais déjà un respect incommensurable pour Simone Veil au vu des avancées auxquelles elle a contribuées pour la cause des femmes mais après la lecture de ce récit, je suis encore plus en admiration pour cette femme, son parcours, son courage, et sa tolérance. Comment survivre à l’impensable? Comment parvenir à continuer à vivre après avoir vécu les atrocités d’Auschwitz et de Birkenau? Après avoir perdu sa famille? Si on devait me demander à l’heure d’aujourd’hui une personne qui m’inspire, ce serait sans hésiter Simone Veil.
J’ai aimé rentrer dans le quotidien des camps de concentrations. Des détails sur les échanges entre détenus, la hiérarchie qui existait au sein des camps, les conditions de vie, etc. Cependant ce qui m’a marqué le plus c’est son récit sur la vie après le camp. C’est plutôt rare d’entendre parler de l’après. On demande aux victimes qui ont survécu de revenir sur l’avant déportation et leur déportation mais on ne leur demande jamais: et après le camp? Comment avez-vous fait? Avez-vous trouvé du soutien quelque part? On s’attarde plutôt à savoir si un membre de leur famille a survécu ou non et ça s’arrête-là. J’étais par exemple émue et à la fois étonnée car ça semble inimaginable, de lire dans son récit qu’elle n’était plus en mesure de s’endormir dans un vrai lit au début de sa sortie du camp. Elle y préférait le sol dur et froid sur lequel son lit lui-même était posé. Il lui a fallu du temps pour ré-apprendre à dormir dans un lit confortable.
A l’achat du livre, le récit est aussi disponible en version audio. Je planifie de l’écouter aussi. Entendre son récit de sa bouche, ça doit être très poignant et émouvant.
Le livre regorge de photos de son enfance mais aussi des moments de dialogue avec ses amis. C’est un plus que j’ai particulièrement apprécié. On voit des photos d’elle, enfant, encore pleine d’insouciance, des photos de ceux qui ne sont plus, qu’elle a perdus en raison de la Shoah.
En conclusion, je vous recommande vivement cette lecture, pleine de délicatesse, de résilience et d’élégance face aux difficultés et épreuves d’une vie, celle de Simone Veil.
Extraits choisis
“Très vite, j’ai décidé de travailler. Ma mère avait souffert d’être une femme au foyer. Elle m’avait toujours dit: “Il faut pouvoir être indépendante. Il faut faire des études qui vous donnent un vrai métier“.
“A Auschwitz, j’ai eu de la chance. Sans doute ma jeunesse m’a-t-elle protégée. D’abord, mon convoi, pour une raison inconnue, était le seule où les femmes n’avaient pas eu les cheveux rasés. Cela parait sans importance, mais pour nous, c’était énorme. Toutes les autres déportées étaient régulièrement tondues par les kapos. Leur rasoir passait n’importe comment, laissant des irrégularités qui achevaient de les défigurer. Nous, nous avons gardé figure humaine”.
Ma note: 4,5/5
Le mystère de la chambre jaune
par Gaston Leroux (audio)
Résumé
Ce roman d’intrigue policière, devenu un classique, met en scène Rouletabille, un jeune journaliste, en quête de vérité. Les questions qu’il cherche à résoudre sont: 1) Qui a tenté de tuer Mademoiselle Stangerson, fille du Professeur Stangerson, habitant le château du Glandier où ils mènent ensemble des recherches scientifiques? et 2) Comment le coupable dans cette tentative échouée a-t-il quitté la chambre jaune, chambre dans laquelle logeait Mlle Stangerson?
Mon avis
C’était ma deuxième ‘lecture’ de ce classique policier! Vous vous doutez dès lors plus ou moins de mon avis. Je dis ‘lecture’ car cette fois-ci, au lieu de tourner une à une les pages de ce roman, j’ai fait le choix de le redécouvrir en audio. Je ne me souvenais plus de la résolution de l’intrigue et alors que je pliais sagement chaque pièce de ma garde-robe façon Marie Kondo, je me suis dit “pourquoi pas en profiter pour me replonger dans cette histoire passionnante?”
Je n’ai pas d’abonnement Audible mais la chance avec les classiques c’est qu’ils sont disponibles sur Youtube, étant en général libres de droit. Petit aparté à ce sujet: 70 ans après la mort de l’auteur, l’oeuvre devient libre de droit, la raison pour laquelle les classiques sont très abordables et même par exemple gratuit en version numérique puisqu’il n’y a pas de frais d’édition. Vous pouvez donc retrouvez un grand nombre de classique en version audio sur Youtube. Bien sûr, la qualité n’est pas toujours optimale ou la voix so so et la vidéo en question peut même disparaitre par la suite…. ce qui semble être arrivé avec cet audio justement (#jerâle). J’ai cherché d’autres options et je suis tombée sur cette version audio ‘Le mystère de la chambre jaune‘. Pas aussi bien que la version que j’avais en tête de vous partager mais quand même agréable à écouter.
J’avais adoré cette lecture la première fois et j’ai pris autant de plaisir à écouter cette histoire pleine de rebondissements! En plus du style d’écriture de Gaston Leroux que j’aime beaucoup, l’intrigue nous tient en haleine du début à la fin. Plein de mystères, de questionnements, et aussi une dose d’humeur ironique par-ci par-là. Un classique de la littérature à découvrir sans plus tarder!
Extraits
“Les coïncidences, me répondit mon ami, sont les pires ennemies de la vérité”.
Ma note: 4/5
Le miel
par Slobodan Despot
Résumé
En sauvant un apiculteur déraciné, le Vieux, au bord d’une route délabrée par la guerre, Vera l’herboriste ignore qu’elle se sauve elle-même. Pour le comprendre, il lui faudra recueillir l’histoire du fils, Vesko le Teigneux, encore prisonnier de ses peurs.
Le voyage épique de Vesko en voiture avec son père, à travers un pays devenu étranger, n’a été possible que par la grâce d’une substance bénéfique, un véritable viatique: le miel. «Chacun de nos gestes compte», assène Vera au narrateur, venu chez elle pour soigner un mal profond.
Dans le cabinet enfumé par les cigarettes et la tisane, pendant plusieurs jours et plusieurs nuits, Vera lui conte cette aventure placée sous le signe du miel. L’herboriste a peut-être trouvé là le meilleur remède à ses maux, et le secret d’une sagesse… *
* Le résumé de Goodreads. Je le trouvais parfait. J’ajouterais juste que l’histoire se déroule sur fond de la guerre de Yougoslavie.
Mon avis
Il y a des livres qui vous apprennent la sagesse et celui-ci en fait partie. Tourner la dernière page de ce récit fut un de ces moments de grâce comme j’aime les appeler, un moment de pleine conscience, de l’instant présent où on détient pour soi une infime part de la Vérité et qui nous fait grandir, évoluer, penser autrement et différemment. 149 pages et une dose de sagesse en plus.
La guerre de Yougoslavie, je m’en souviens mais c’est lointain et même à l’époque, ça se résumait à voir des images de guerre à la télé. Je ne me sentais pas concernée. J’avais de la peine mais “à distance”. Ce n’est pas glorieux à dire mais c’est la vérité. On parle de paix depuis 70 ans en Europe mais on oublie la guerre de Yougoslavie, on oublie aussi le conflit actuel en Ukraine. 70 ans sans guerre ou conflit, c’est un mythe, vécu par l’Europe de l’Ouest et qu’elle étant sur l’ensemble du continent. Déni ou inconscience, qui sait?
Ce récit ne revient pas sur les détails de cette guerre à proprement parler. C’est un récit initiatique, un voyage pour sauver un parent, qui en réalité sauve ceux qui sont venus le sauver. Cependant, c’est une ouverture sur le conflit qui pousse à en savoir davantage.
Extraits choisis
“La réalité change en fonction du regard que nous posons sur elle”.
“Il y a davantage d’intelligence dans un essaim d’abeilles que dans n’importe quelle assemblée humaine, lui disait son père. Bien mieux: l’essaim est une personne, dont chaque abeille est une cellule. Nous nous croyons la seule espèce dotée d’esprit, parce que nous pouvons voir les contours de l’individu humain. L’intelligence du monde nous échappe parce que nous sommes trop petits pour voir ses contours. Comment veux-tu qu’une bactérie dans ton ventre comprenne qu’elle a l’honneur d’être hébergée par un docteur en science économique ?”.
Ma note: 4,5/5
How we survived Communism and Even Laughed
par Slavenka Drakuli?
Résumé
Dans cet essai, Slavenka Drakuli? revient sur les difficultés quotidiennes des femmes sous régime communiste dans l’ex-Yougoslavie. J’insiste sur l’aspect “quotidien”. Dans chaque chapitre, on rentre dans les détails d’une vie, celle de l’autrice, ou d’une des ses connaissances, et l’on découvre ce que c’est que de vivre dans un monde communiste et post-communiste. De l’accès à la nourriture, au lavage des vêtements, des habitations, du travail, en passant même par le sacro-saint papier toilette! Tout y passe.
D’un point de vue sociologique et philosophique, la question de la dialectique entre choses matérielles et expression de son individualité revient fréquemment. Un essai féministe en ce qu’il parle de la situation des femmes dans un contexte autoritaire, où la question même du féminisme à la sortie du communisme se posait difficilement pour ses femmes.
Mon avis
Que puis-je dire? A LIRE! A LIRE! A LIRE! Voilà, c’est dit!
J’ai dévoré chaque chapitre de cet essai, entre étonnement, stupeur et consternation, le tout avec un sourire aux lèvres ou parfois la larme à l’oeil.
Les débats politiques et les grands discours, ce n’est pas mon truc. Lire un essai sur la situation post-communiste, ça ne m’aurait pas emballé. Moi ce que j’aime, ce sont les détails, rentrer dans le quotidien des gens, ce qu’ils mangent, ce qu’ils font, ce qu’ils pensent, ce qu’ils ressentent. C’est la seule chose bien réelle, bien tangible. Si les politiques avaient plus conscience de cette réalité, le monde se porterait mieux. Alors, merci à l’autrice pour cette pépite de bon sens et de vrai. Merci de m’avoir fait rire et pleurer. Merci de m’avoir fait grand compte d’une réalité qui était pour moi inexistante. Vous savez, je me souviens encore de mes cours de géographie en primaire. Je suis née en 86. Le mur est tombée en 89. Au cours de géographie dans les début des années 90, j’avais encore droit à l’Atlas qui mentionnait cette immensité du côté est “L’EX-URSS”. Aucune autre explication. C’était comme si le mur était encore là. Les instituteurs.ices insistaient sur la connaissance de la carte de L’Europe mais au-delà de l’Allemagne, de l’Autriche et de l’Italie, avec l’exception de la Grèce, il y avait ce flou, cette étendue inconnue et dont on ne parlait pas. Nous étions après la chute du communisme en Europe de l’Est mais ça ne changeait rien. C’est le propos de l’autrice également mais d’un point de vue endogène: la chute du mur et du gouvernement communiste en Yougoslavie n’a pas changé le quotidien de ces citoyens. Il a fallu du temps, des décennies pour relancer l’économie mais surtout pour ces derniers à s’ajuster à ce changement. Quand pendant des décennies, on vous inculque la pensée communiste, la chute d’un mur ne fait pas tomber toutes vos croyances et tous vos réflexes.
L’essai met également en lumière une vérité que je relève souvent dans mon entourage et ça m’a fait ‘plaisir’ de l’y retrouver: “… I don’t think you apply First World ecological philosophy to Third World women”. Pour remettre cette phrase dans son contexte, l’autrice traite du sujet de l’écologie. Elle y parle du rêve et grand luxe pour une femme en Yougoslavie de pouvoir s’offrir un manteau en fourrure, de seconde main (neuf ce serait un rêve inaccessible). Quand l’autrice se retrouve aux Etats-Unis avec une des ses amis, c’est impossible pour elles de ne pas s’offfrir ce manteau, même si aujourd’hui la plupart des gens en Occident hurlerait à cette idée. Pourquoi? Parce qu’il facile de dire aux pays ex-communistes de l’époque ou aujourd’hui, aux pays en forte croissance, en voie de développement ou du tiers monde, qu’ils doivent être raisonnable, pour l’écologie, parce que nous Occidentaux avons eu accès à tout, avons poussé le consumérisme jusqu’au boutisme et voyons que c’est invivable à l’échelle planétaire. C’est impossible que tout le monde vive “comme nous”. Oui, c’est bien gentil comme façon de penser mais quand on a accès à rien, l’écologie ce n’est pas la priorité. Il est injuste de demander aux gens “de ne pas faire comme nous” car il n’y a plus de place. Je suis une écologiste convaincue, qui apprend, qui essaie de trouver chaque jour de nouveau geste pour faire mieux. Je suis loin du compte. Vraiment loin. Mais je suis réaliste et je comprends que des femmes, des hommes, des enfants dans ces pays aient envie d’avoir une voiture, d’en avoir plein leurs armoires, et que dès la première occasion qui se présentera à eux, ils feront comme nous. Je ne pousserai pas le débat plus loin ici mais je tenais à exposer ce point soulevé par l’autrice car il me tient à coeur et fait écho à des propos que j’ai moi-même tenus souvent.
Si la lecture d’un essai vous effraie, commencez par celui-ci. Il est très accessible et chaque chapitre peut se lire séparément. J’ai particulièrement aimé le chapitre sur la situation des habitations (“The strange ability of apartments to divide and multiply“), la lessive (“On doing laundry“), le papier toilette – qui fait un écho intéressant à la situation pandémique actuelle (“Forward to the past“), et le fameux achat d’un manteau en fourrure (“Some doubts about fur coats“).
Extraits choisis
“I think these drawers of my grandma’s show not only how we survived communism, but why communism failed: it failed because of distrust, because of a fear for the future. True, people did collect out of poverty, but a very specific kind of poverty, a poverty in which the whole country is deprived, everybody is poor, a poverty when to be poor and deprived is a state of life that hardly ever changes, because it cannot be changed by words, declarations, promises, or threats from politicians.”
“Only when there is no privacy can there be total control”.
“(…) In the midst of all this, our anti-choice nationalist governments are threatening our right to abortion and telling us to multiply (…). We are unprepared, confused, without organization or movement yet. Perhaps we are even afraid to call ourselves feminists. Many women here see the movement as a “world without men“, a world of lesbians, that they don’t understand and cannot accept. A Critique Theory Approach? Maybe in ten years. In the meantime, why don’t you try asking us something else?“
Ma note: 5/5
Le rouge et le noir
par Stendhal (audio)
Résumé
Julien Sorel, d’origine modeste, est engagé par Monsieur de Rênal comme précepteurs de ses enfants. Opportuniste avec un profond désir d’ascension sociale, nous suivons son parcours, au travers notamment de ses relations avec deux femmes: Madame de Rênal et Mathilde de La Mole. Destin fortunée ou tragique? Qui lira, saura.
Mon avis
C’est une lecture qui est restée longtemps, très longtemps dans ma pile à lire. Déjà l’adolescence, je m’étais attaquée à ce roman mais par deux fois, j’en avais interrompu ma lecture. Pourquoi? Un souvenir vague de ne pas avoir accroché à l’histoire. Il m’arrive pas souvent et j’aime envie de dire jamais de lâcher un classique. Sans m’avouer vaincue, c’est 15 ans plus tard, que je décide enfin de terminer ce roman et en audio (à nouveau, on dit merci à Marie Kondo…). Et je l’ai recommencé à zéro et cette fois-ci bien terminé!
Mon avis? Je suis mitigée. J’ai peu de mots pour exprimer mon ressenti. En soi, je n’ai pas détesté mais je n’ai pas adoré non plus. L’histoire en elle-même est digne d’un classique, l’écriture aussi. C’est plutôt ce constant va-et-vient entre romanticisme et réalisme qui m’a gênée. Parfois, bien trop “gnan-gnan” à mon goût dans l’expression des sentiments. Je me demande si ce n’est pas l’audio qui a créé cette gêne au final. Impossible à dire. Par contre, j’ai adoré le ton cynique et sarcastique de Stendhal. Un petit chef d’oeuvre et je suis contente d’avoir entamé et terminé cette lecture. Un classique qu’on l’ai aimé ou non reste un classique et une lecture à découvrir. D’ailleurs que pensez-vous de ça? D’accord avec moi ou pas du tout?
Pour la version audio sur Youtube: Premier épisode parmi les 15 épisodes de lecture disponibles.
Extraits choisis
“La parole a été donné à l’homme pour cacher sa pensée”.
“Le pire des malheurs en prison c’est de ne pouvoir fermer sa porte”.
“Jamais cette tête n’avait été aussi poétique qu’au moment où elle allait tomber”.
Ma note: 3/5
Paroles données, paroles perdues?
par le collectif Sylloge
Résumé
Alors que la crise sanitaire actuelle révèle les profondes inégalités sociales et de santé de nos sociétés, cette publication se fait l’écho du monde de la rue, depuis l’expérience des premiers concernés : des paroles recueillies pendant plusieurs années lors de discussions entre personnes sans abri, travailleurs sociaux, quidams, dans des lieux d’accueils bruxellois*.
Ce livre est une retranscription de dialogues ayant eu lieu dans des centres d’accueil bruxellois, donnant la parole aux personnes sans abri. On y découvre leur quotidien, les difficultés auxquelles ils font face chaque jour, et surtout les incohérences du système. Le livre reprend simplement des échanges entre individus, sans y ajouter une perspective politique et sociologique. Il pose des paroles par écrit en espérant qu’elles ne seront pas perdues.
* Résumé par le collectif Sylloge.
Mon avis
La lecture de ce livre n’était un choix. Cet été j’ai participé à l’émission Ici et Pas Ailleurs sur LN24. Lors d’une des émissions, un des invités venait nous présenter ce livre pour mettre en lumière sa publication mais surtout les paroles qui y sont reprises. J’ai reçu une copie et me suit donc attelé à sa lecture.
J’étais sceptique au départ. Je n’aimais pas le titre et je ne l’aime toujours pas. “Paroles données, paroles perdues?”, certes c’est une question mais c’est déjà partir sur le principe qu’elles seront perdues. Le cerveau ne fait déjà pas l’analyse de la négation de manière optimale (à ce sujet, si vous ne voulez pas oublier quelque chose, dites-vous “je dois penser à…” et non “faut pas que j’oublie de…”), alors le point d’interrogation, je pense qu’il passe vite à la trappe. On se retrouve donc avec cette idée de départ: les paroles données seront perdues.
Le titre en soi n’est pas le plus important me direz -vous. C’est le contenu qui compte mais reconnaissons que c’est ce qui ne nous décide à lire le résumé d’un livre, quand ce n’est pas sa couverture.
Alors parlons contenu justement. A nouveau j’ai ri, j’ai pleuré et je me suis énervée des injustices relevées. C’est percutant et plein de bon sens et ça nous ouvre les yeux sur plein de choses. Savez-vous par exemple qu’il arrive parfois que des journalistes refusent de diffuser des images d’un lieu d’accueil car les sans-abris sont “trop propres” sur eux? On a vraiment une image cliché qui nous colle à la peau concernant les sans-abris, qui contribue à être véhiculée par la presse et les politiques.
Au-delà de ce constat, j’ai adoré lire les anecdotes de ses personnes, pleine d’humanité qui ne demandent justement que ça: un peu d’humanité. Un bonjour par exemple, ça n’a pas de pris. Pensez-vous quand vous croisez une personne sans-abri.
Extraits choisis
“- Pourtant, je crois que c’est très facile : “Bonjour, bonjour, comment ça va, tout va bien.” – Les paroles magiques. – Les paroles magiques (…). On sait que les personnes, quand elles vivent en rue, commencent à aller très mal quand elles ne parlent plus à personne (…). Moi qui ai vécu onze ans dans la rue, ça m’a toujours fait plaisir d’avoir quelqu’un à qui parler, de savoir où je vais et comment. C’est toujours intéressant d’apprendre et de parler de ce qu’on a vécu. Que chacun apprenne à parler à l’autre (…). Et l’indifférence, c’est ça dans la rue qui fait beaucoup…”.
Ma note: 4,5/5
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Une lecture qui vous fait envie parmi mes dernières lectures?
Avez-vous déjà lu l’un de ces livres?
Une lecture à recommander?
J’espère que vous aurez apprécié ces critiques littéraires. Merci à vous x